Anthologie du désordre
"RANGE TA CHAMBRE !" pourrait être mon cri de ralliement quotidien . Ou bien "Range d'abord ta chambre et après tu pourras regarder un Tex Avery , lire ton nouveau livre , voir tes copains , inviter un copain , aller à la patinoire , voir les cousines , etc. voire quelques rares fois ... manger ... ( rayer les mentions inutiles ) . De temps en temps me prend la fantaisie de faire un peu de spéléologie dans les placards de certaines têtes blondes qui vivent sous notre toit . A vrai dire sur les 5 , seuls 2 savent ce qu'est l'ordre et le respectent de façon permanente .
Les 3 autres , chacun dans leur genre , sont bordéliques à souhait ; la fifille pour commencer est une pro des strates de peluches-t-shirt cradingue-livres-chaussettes sales-playmobils-chaussure solitaire-gâteau rance-brosse à dents (perdue et remplacée depuis 2 mois , hin hin !) , le tout bien tassé et planqué dans le fond du placard sous un amas de valises vides . Son lit aussi est une mine de rats crevés : livre scolaire , découpage de papier , collant "oublié" par mégarde , lampe de poche , pistolet chipé au frangin , doudou-lapin adoré , vieux bonbon gluant (voire chewing-gum : mais j'aime moins) , atlas routier (?) , tube de dentifrice à moitié vide , autre chaussure solitaire , bonnet "perdu" intentionnellement (parce qu'il ne plaît pas à la demoiselle) , minuscule poignard playmobil (rhâ , ces playmobils!) , crayons décapuchonnés et baveux , vieux kleenex usagés , mes ciseaux de couture (bourrique!) et j'en passe . Sur le lit des tonnes de coussins et 2 ou 3 couvertures polaires : c'est son lit , sa maison , son igloo où il fait bon lire le soir à l'extinction des feux à la lampe de poche . Et surtout ne pas regarder sous le matelas : cachette à trésors .
Les 2 frangins désordonnés le sont plus ou moins à leur décharge : pensionnaires dans la semaine , ils ne vivent dans leur chambre que le week-end , en coup de vent donc , voire en tornade plutôt . Et qui plus est , leur aîné y campe en permanence ; là le contraste est saisissant ; le lundi à 9 h 35 (après leur départ) la pièce est ravagée , le sol invisible , les 2 lits en révolution et le fumet qui s'en dégage fouette un max . Il me suffit d'ouvrir , non pas la fenêtre mais l'armoire pour trouver un peu de sérénité dans la vue de l'unique étagère en paix , au mileu du maëlstrom des pensionnaires peu délicats de fusiller le résultat des heures de repassage de la mother ; de belles piles bien alignées de caleçons , de chemises , de pulls , de chaussettes qui vont par deux : le bonheur : c'est l'étagère de l'aîné ... bon , après , c'est vrai , j'ouvre la fenêtre , parce que , PUNAISE , çà mouk à mort la charogne de coyote là-dedans !
Quant au dernier des 5 , rien à dire ... chambre en ordre , lit fait TOUS les jours , linge sale inexistant , jamais un rat crevé dans un coin ... y en a des comme çà : on a oublié de les rater , c'est pas possible !
Mais le pire des 5 , c'est bien la fifille , car elle EXPORTE son foutoir partout ; tous les jours je refoule jusque dans sa chambre ; rien à faire , le lendemain faut recommencer !
Y en a des comme çà ...
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